dimanche 31 mai 2009

Compte rendu du deuxième Café Psycho

Café psycho du Jeudi 02 Avril 2009

L’organisation :

Malgré les perturbations des transports et le blocage filtrant de l’université qui auraient pu tous deux porter préjudice au Café Psycho, une soixantaine de personnes, dont quinze enseignants, étaient présents à ce deuxième temps de rencontre.

L’organisation a été quelque peu modifiée puisque, par crainte d’un trop petit nombre de participants, nous avions décidé de faire une pierre deux coups en couplant l’intervention de M.Chiantaretto avec le Café Psycho.

Le contenu :


M. Chiantaretto a introduit cette rencontre en nous parlant de Malaise dans la culture rédigé par Freud en 1929. La notion clé, comme l’indique le titre, est celle de culture. Selon lui, la question principale, posée par ce texte est celle-ci :

A quelle condition pouvons-nous vivre ensemble ?

L’étude de ce texte a un intérêt tout particulier en ces temps de crises, puisque les notions que Freud a développé nous renvoient à notre actualité :

La haine de la pensée et la haine de la culture

La volonté de contrôle de la nature

La recherche du bonheur

En effet, tout ceci peut être, et doit être rapproché de ce qui se passe aujourd’hui lorsque l’on voit les réformes cloisonnant les lieux de réflexion, de transmission des savoirs, de prise en charge de personnes en difficultés, etc.

Mais aussi, avec cette politique en vogue de maîtrise, de contrôle. On souhaite ficher les gens, soigner les gens, leur enlever ce qu’il y a d’humain pour ne rendre d’eux que du quantifiable, modifiable, dénué d’émotions. Tout ceci dans le but de prendre uniquement ce qu’il y a de rentable en niant l’individualité de chacun et leur sensibilité.

Toutes les mesures misent en place actuellement résultent d’une volonté de destruction, d’anéantissement de la pensée ; en effet, l’homme qui ne pense pas est davantage maniable, et donc, contrôlable, ce qui nous ramène toujours à cette même problématique d’une politique de contrôle mêlée à une haine de la pensée.

Or, cette volonté de destruction porte en elle-même un paradoxe : si quelqu’un cherche à détruire notre possibilité de penser, nous prenons alors conscience de notre capacité de réflexion….

Parallèlement à cette réflexion sur cette volonté d’anéantissement de la pensée, il a été évoqué une citation du philosophe Spinoza, qui reste cruellement d’actualité…. « Il ne faut pas seulement que la population soit pauvre, il faut aussi qu’elle soit triste. ». Ainsi, l’homme qui est dans la tristesse va progressivement renoncer, alors que la présence d’angoisse montre, elle, que l’on ne renonce pas….

L’angoisse présente dans chacun des discours prouve que nous ne sommes pas encore assez tristes pour être prêts à renoncer !

A la suite de cette ouverture faite par M. Chiantaretto, les commentaires, les ajouts, les questions ont fusé.

- On parle du rapport au corps et de sa réduction à une place d’objet, poussé par un désir de contrôle.

- On parle de pulsion de vie, de pulsion de mort.

- On parle de l’importance du jeu, d’entrer dans un jeu et de l’importance de savoir jusqu’où nous avons conscience de jouer à quelque chose, et jusqu’où nous pouvons accepter d’être dans ce jeu.

- On différencie l’individu du sujet

Le sujet est grave et soulève une fois encore la question de l’inquiétude et de l’angoisse. Etudiants mais aussi enseignants témoignent ici d’un malaise profondément ancré.

Ce texte de Freud est très pessimiste. Et la deuxième publication l’était encore davantage que la première. Nous avons certes établit un parallèle entre ses écrits et la situation actuelle mais les conclusions étaient cependant beaucoup plus positives que les siennes.

En effet, lorsque l’on résiste, on tente de survivre, et lorsque l’on survit, on ne vit pas. Tout ceci à une forte tonalité dramatique, mais la situation actuelle doit être tournée autrement, et dans ces groupes de rencontre, nous constatons certes, de la résistance mais aussi, et surtout, de l’espoir !

Nous nous retrouvons, mettons des mots sur ces angoisses, et pouvons ainsi la travailler. Nous résistons en continuant à communiquer et à penser. La parole circule, des initiatives se mettent en place. Nous ne sommes pas complètement perdus et ne devons pas nous laisser envahir par la peur. Se cacher et vivre avec insouciance seraient se faire prendre comme dans le mythe de la caverne et se contenter d’une fausse réalité parfois plus confortable puisque connue.

Le blocage de l’université peut être considéré comme un blocage de la pensée. C’est pourquoi d’autres idées émergent quant à d’autres possibilités d’échanges, en incluant des personnes extérieures à la psychologie mais également extérieures à l’université.

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