mercredi 16 décembre 2009

Compte rendu du premier Café Psycho de l'année

Ce premier café psycho nous a permis de nous questionner autour de la question : quelle approche du soin psychique pour quel sujet ?

Vaste sujet qui ne fut pas si simple à aborder et nous avons cherché, à travers l’Histoire, à définir ces notions qui ont beaucoup évolué.
Alors que la souffrance psychique et mentale entraînait une mise à l’écart et l’enfermement jusqu’à la fin du 18ème, les prises en charges ont énormément évolué. En effet, l’évolution des mentalités dues à l’Histoire (notamment la seconde guerre mondiale et le traitement qui était alors réservé aux fous), aux découvertes médicales (apparition des neuroleptiques), aux politiques nationales et internationales (politique de secteur) (…) tendaient vers une prise en charge prenant réellement en considération le sujet.
Cependant nous avons remarqué, que depuis une trentaine d’années, les choses se dégradent avec des discours et des réformes qui vont à l’encontre des professions de la santé et de la qualité des prises en charges.

Cet ensemble de réformes vient s’inscrire dans une ambiance marquée par le discours sécuritaire qui touche de manière générale la France depuis quelques années.

Le meurtre d’un étudiant Grenoblois par un patient schizophrène en sortie d’essai est venu alimenter cette angoisse sécuritaire ambiante. Le discours du Président de la république du 2 décembre 2008, à l’hôpital psychiatrique d’Antony sur la « dangerosité des fous » a alarmé professionnels et bénéficiaires. Cela a entraîné la mise en acte d’un plan d’action dans le milieu psychiatrique, un plan de sécurisation où il s’agirait d’enfermer, de contrôler et en somme, de couper le lien social plutôt que de soigner.

Dès lors, le dialogue a tourné autour de la réalité psychiatrique et institutionnelle, des conséquences des réformes en place ou à venir, des expériences de chacun.
Comment peut-on apporter du soin à un sujet qui devient objet ? Quelle peut-être la place du psychologue là où tout devient quantifié, où les sujets sont enfermés, où la pratique est évaluée ?
Les réformes souhaitées par le gouvernement s'inscrivent dans une démarche plus vaste. Nous sommes dans un changement sociétal où les représentations anxiogènes sont très présentes. C'est d'ailleurs pour cela que sont apparus tous ces protocoles, ces règles, ces questions d'hygiène et de sécurité. Ils se présentent comme des défenses pour faire face à des peurs qui nous tétanisent.

Taire l’Histoire de la psychiatrie, du sujet, notre animalité propre à chacun, et cela au profit du quantifiable, du contrôlable… nous montre la peur de "l'autre en soi".
Séparer alors la folie de la normalité a pour but de cacher notre folie propre, de stigmatiser, de trouver un bouc-émissaire pour mettre notre propre dangerosité loin de nous.

Nous avons parlé longuement de ces réformes, des difficultés du psychologue à se positionner face aux différentes exigences (politique, institutionnelle, organisationnelle, légale, déontologique, etc...) voire même de son incapacité à le faire dans certains cas. Cependant il ne faut pas nous faire emporter par cette vague négative : une marge de manœuvre est possible. « Ruser » et créer plutôt qu’être tétanisé. Résister là où il n’y a pas de « légitimité », pour s’opposer à ces exigences qui ne sont pas en accord avec nos convictions personnelles.

Voici des exemples de ces formes de résistances :
  • Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire : Ce collectif né suite au discours du 2 décembre permet aux professionnels de se retrouver pour s’informer et lutter ensemble contre le discours sécuritaire et les réformes mises en place. Pour plus d’informations http://www.collectifpsychiatrie.fr/
  • à Bondy, dans le Nord, en Bretagne et dans bien d’autres lieux encore : des intitulés modifiés tel que : Atelier thérapeutique ayant lieu tous les midis pour permettre la préparation de repas par les usagers (la cuisine en collectivité étant interdite pour des questions d’hygiène)

Cela illustre une certaine "ruse" de la part des membres des Institutions qui joueraient sur les mots pour laisser une place au sujet là où la logique gestionnaire et sécuritaire rend les choses plus compliquées pour les professionnels, les patients et leur famille...

Bien sûr, ces initiatives ne sont pas simples. Bien au contraire... Pour y arriver, il est nécessaire de se constituer en groupes/collectifs dans lesquels se rassemblent des personnes qui ont une base éthique, des valeurs, des considérations communes... C'est grâce à cette cohérence que la créativité peut émerger et aboutir à une 3ème voie.

Après 1h30 de discussion, le débat s'est clôturé avec une proposition d’un étudiant : inviter une personne de la SEHREP qui viendrait nous parler du secteur psychiatrique et poursuivre cette rencontre par une visite groupée du musée de la folie à Ville-Evrard. A suivre…

1 commentaire:

Benjamin a dit…

un lien vers une présentation du musée de la SERHEP : http://www.tourisme93.com/document.php?pagendx=84&engine_zoom=PcuIDFC930001283